Nos deux dernières semaines ensemble, parce qu’Audrey quitte pour s’en retourner à Québec le 18 novembre, sont l’occasion de nombreuses visites autour de Katmandou : des lieux de cultes bouddhistes et hindous, des jardins, des quartiers touristiques. Pour ce dernier message, nous abandonnons la chronologie de nos allers et venues pour se consacrer à la description de rubriques organisées selon les types de lieux où nous sommes allés.
Les lieux de cultes
Boudhanath, la plus imposante stupa de Katmandou, est aussi le centre de la colonie tibétaine.
Autour de cette stupa fleurissent des dizaine de monastères et surtout, des boutiques de souvenirs. On peut y voir exposés dans les vitrines des thankas (peintures représentant des mandalas, les moments de la vie de Bouddha et d’autres divinités importantes aux yeux des bouddhistes), des objets rituels et de la vie quotidienne. Des commerces de CD et de DVD font jouer en boucle des chants incantatoires. «Ohm mani padme om» remplit nos oreilles. Les mendiants nous font la cours : ils ont appris à apprivoiser les étrangers avec leurs histoires à vous arracher le cœur. Après avoir complété nos cercles autour de la stupa, nous décidons de ne pas plus nous attarder au milieu de ce cirque touristique.Il règne une atmosphère très contrastée à Pashupatinath, le plus sacré des temples hindous de la capitale népalaise derrière lequel sont pratiquées des crémations aux abords d’un tranquille cours d’eau. Le temple lui-même nous est interdit : il est réservé exclusivement aux Hindous. Un gros bœuf d’or lui fait face et des vaches bien en chair lui tiennent compagnie.
L’architecture médiévale des bâtiments ici rassemblés est riche en bois ouvragé. Sur le temple principal, tout est recouvert de dorures.
Situé sur une colline de l’autre côté de la ville par rapport aux deux lieux de cultes précédents, Swayambunath rassemble des édifices sacrés du bouddhistes et de l’hindouisme. Les deux religions se côtoient et se superposent au rythme des déplacements cérémonieux des pratiquants. De nombreux artistes et artisans occupent les rez-de-chaussée des bâtiments ceinturant la stupa et le temple centraux. Nous pouvons les voir exerçant leur art. Nous passons du temps auprès des graveurs sur pierre et apprenons à jouer «aux tigres et aux chèvres», un jeu de stratégie dont le plateau est une pierre découpée. Audrey s’en procure un et fait l’achat d’une aquarelle représentant une scène typique d’un quartier historique que nous connaissons.
Les lieux historiques
Le quartier qui est le sujet de la peinture choisie par Audrey se nomme Bakhtapur. Cette cité médiévale délabrée nous parait pouvoir du jour au lendemain s’effondrer et disparaitre. En parcourant le dédalle de ses ruelles, nous relevons les innombrables indices de sa fragilité : murs de briques fissurés, bombés ou inclinés au-dessus des rues. En dépit de l’état des lieux, les citadins vaquent à leurs occupations sans broncher. Les femmes étalent à sécher et tamisent des grains de riz. Les hommes transportent et engrangent les tiges des plants de riz qui servent à nourrir les bêtes. Un complexe de temples et de palais forme le noyau de Bakhtapur. Le plus fascinant d’entre eux, une haute pile de toits de pagodes, présente un escalier gardé par d’impressionnantes sculptures humaines, animales et divines. La disposition de celle-ci répond à la règle suivante : par-dessous un lutteur situé à la base se trouve un éléphant dix fois plus fort que lui ; au-dessus de l’éléphant se dresse un hippogriffe dix fois plus redoutable que lui ; un griffon suit et au-dessus de tous s’élève une représentation de Shiva, ces deux derniers respectivement 10 et 100 fois plus terribles que l’hippogriffe.
Semblable à Bakhtapur et très près d’où nous séjournons se trouve le Durbar Square de Katmandou. Jadis les anciens rois du Népal y établirent leur demeure.
Aujourd’hui, ce quartier est un important marché où les commerçants vendent leurs produits à l’intérieur des divers petits temples. Le poisson séché est en abondance dans les étalages.
Le musée est fermé, mais nous avons eu l’opportunité de visiter la maison de Kumari, une incarnation de la déesse Durga. Kumari a 6 ans. La tradition veut que Kumari change de visage chaque fois que la jeune fille atteint ses 13 ans. Les Népalais font des sacrifices animaux en son honneur tous les ans et on nous dit que nous arrivons au lendemain du plus important d’entre eux. Nous ne tenions pas vraiment à être présents.
Nous allons aussi flâner dans l’agréable Gardins of Dreams. Son fondateur a gagné la fortune qui a servi à sa construction au jeu. Le parc est tombé en abandon pendant une soixantaine d’années avant d’être joliment restauré au tournant des années 2000. Une galerie de photos montre les différences d’avant et après les rénovations. Plusieurs plans d’eau, de nombreuses variétés de plante et quelques statues égaient ce jardin enchanteur.
Détonnant dans ce décor classique, une grosse balançoire fabriquée de bambou s’élève tout près de l’amphithéâtre. Elle sert de divertissement aux tout petits comme aux plus grands. Nous aussi comme les enfants nous nous y berçons à tour de rôle. 
Sri Aurobindo Yoga Mandir
Entre nos visites au alentour de Katmandou, nous prenons une semaine pour nous reposer à l’ashram Sri Aurobindo auprès de Ramchandra et des jeunes.
Notre venue coïncide avec le festival de Tihar pendant lequel les enfants de l’ashram font la tournée des quartiers bien nantis pour y présenter leurs talents musicaux et de danse. Cette activité est bien appréciée de tous et lucrative. Pour vous donner une image, cela ressemble un peu à notre Halloween en ceci que les enfants vont de portes en portes chantant et criant pour demander des friandises ou de l’argent de poche. Lors de cette occasion nous pouvons goûter à toute sorte de mets parfumés, mais parfois trop, et aussi nous sucrer et graisser le bec. Après le festival, viennent à l’ashram les dignitaires du consulat de l’Inde au Népal pour assister à une présentation de danse exécutée par deux indiennes et pour en évaluer leur performance, et qui sait, les aider à se produire sur scène un jour. Nous avons la chance de voir les danseuses en action dans leur costume d’apparat. Kalen, un Finlandais, nous invite pour une courte randonnée un après-midi dans la vallée. Nous faisons la rencontre d’un jeune garçon dénommé Dhanraj qui nous accompagne jusqu’au monastère Balambu dont le décor est plus coloré. Sa construction s’est terminée en 2007.
Dhanraj nous invite ensuite pour une petite bouchée à sa maison devant laquelle le riz sèche au soleil. Un lait caillé pour PA et des oranges pour Audrey sont les snacks offerts. PA, par respect, ne veut pas refuser les invitations qu’on lui fait. Il se force pour boire le lait sans grimacer pendant que Kalen et Audrey rient intérieurement. 
Lors de cette semaine à l’ashram, Audrey avait aussi pour mission de donner des cours de français aux enfants, mais il n’y a pas eu d’école de la semaine dû au festival.
En marge de tous ces déplacements, nous passons du temps dans le quartier touristique de Thamel à prendre de bons repas et un verre de temps en temps.
Ceci après tout n’est qu’un blog et ce message en est le dernier. Comme nous ne pouvons tout partager par écrit, il nous fera donc plaisir de continuer cet échange de vive voix aussitôt que l’occasion s’en présentera. Audrey revient à Québec le 18 novembre 2010 et PA le 20 janvier 2011.
Nous attendons les invitations ! :D




Les arbres sont couverts d’épais lichens et les rochers sont recouverts de mousse. Nous nettoyons l’un d’entre eux pour s’y asseoir et prendre notre lunch : un dal bhat précieusement conservé dans l’une de nos bouteilles nalgène. Et oui! Notre dal bhat contient des patates.
Plusieurs regroupements de maisons ponctuent le paysage. Nous arrêtons à Bhata, un stop de porteurs. Cette fois, notre repas n’est pas du dal bhat, mais plutôt une soupe de ramens épicée. Nous descendons jusqu’au lit de la rivière aux abords duquel nous pouvons marcher sur le sable. Nous entrons plus tôt que prévu à Chwayambesi, qui a l’apparence d’un village de pêcheurs. On se croirait sur le bord de la mer, les vagues en moins. Il y règne une odeur d’algue séchant au soleil. 
Nous voici de retour en ville après 31 jours de trek. Nous devons y penser à deux fois avant de traverser la rue qui nous semble dangereuse. Pendant nos 24 heures dans cette ville, nous nous gavons de sucreries, de pizza, de fruits frais, de samosas et de mets indiens qui nous manquaient. Parcourir le marché, voir la variété de produits dans les étalages et surtout les consommer nous rend heureux. 



Au retour, comme entrée, nous nous offrons les restes des autres voyageurs à qui l’altitude coupe l’appétit. Nous avons déjà pris l’habitude de terminer les assiettes des autres, ce qui diminue le gaspillage et réduit le coût de notre facture. Par ailleurs, nous nous laissons gâter par nos hôtes qui sont pleins d’attentions à l’égard de leurs clients. La plus formidable d’entre-elles demeure la distribution de petites serviettes chaudes au jasmin pour se laver le visage et les mains avant le repas.
Nous sommes arrivés de l’ouest et nous allons maintenant vers l’est. La prochaine route desservit par des autobus se trouve à une semaine de marche environ.
La montée avant Namche a sale réputation, mais comme nous avons déjà beaucoup de pratique, elle s’avère pour nous un jeu d’enfant. À un détour du sentier, une première vue de l’Everest s’offre à nous. Au lieu de l’admirer, nous photographions les photographes. Ils sont si nombreux que l’on dirait un reportage télévisé!
En fin de journée, en redescendant vers Namche, nous croisons les carrières de pierre de Zarok. Namche, en expansion perpétuelle depuis des années, vit au son des marteaux des maçons qui équarissent les pierres pour les nouveaux hôtels. Chaque pas de notre trajet entre Namche et Tengboche nous amènent près de l’Everest qui se découpe parfaitement sur le ciel bleu. À Tengboche, tous les hôtels sont pleins. Notre seule option est de camper dans la dernière tente triangulaire disponible. Ce qui amène tous les touristes ici, c’est le monastère, le plus important au sud de l’Everest. Sa visite est décevante, il y a plus de touristes que de moines et ces touristes ruinent l’atmosphère de prière et de méditation.
En fin d’apres-midi, PA rejoint les plus jeunes du groupe de Rob ainsi que ce dernier sur une colline surplombant Périche pour faire de l’escalade sur les blocs erratiques qui parsèment les environs.
Une baisse d’énergie nous contraint à nous étendre quelques minutes au sol avant d’affronter le dernier obstacle de la journée, le glacier. Nous mettons une heure pour franchir les incessantes montées et descentes qui sculptent son relief. Après 9 heures de marche, au bout de nos forces, nous atteignons l’agglomération de Lobuche, un vrai bidonville composé d’hôtels chambranlants. Aucune chambre n’est disponible. Des dortoirs nous sont proposés. Ils sont si encombrés, voire insalubres, que nous préférons dormir dans la salle à manger en compagnie des porteurs qui boivent leur alcool maison (rakshi) en ricanant. Il nous est impossible de plonger dans un sommeil profond avec tout ce bruit ainsi qu’avec la lumière inondant la pièce.
Au lever du soleil, nous prenons la route en direction de Gorak Shep, la dernière étape avant le camp de base de l’Everest. Ce village, construit simplement pour les touristes et établit sur un carré de sable, n’était par le passé qu’un campement saisonnier pour les éleveurs. Nous y passons quelques journées et c’est pour nous l’occasion de se rendre là où plantent leurs tentes les expéditions projetant de gravir le plus haut sommet de la planète. La route pour s’y rendre longe dans un premier temps le glacier puis le traverse à mi-chemin. À partir de ce point, impossible de voir le sommet de l’Everest, mais la vue sur les glaces et sur les séracs est imprenable. Pour admirer l’Everest mieux vaut grimper Kalapathar (5545 m), une modeste pointe rocheuse facilement atteignable depuis Gorak Shep. Le ciel constamment couvert durant notre séjour à cet endroit nuit à la visibilité de l’Everest et des montagnes voisines. Du haut de Kalapathar, nous ne pouvons voir que des portions des montagnes et le sommet de l’Everest demeure voilé. Heureusement, ce n’est pas là notre dernière occasion de le zieuter.





