mercredi 10 novembre 2010

Camp de base d'Everest

5 au 15 octobre 2010

À partir de Lukla, nous accèdons à la région du Khumbu, c’est-à-dire la région de l’Everest, via un défilé étroit creusé par Dudh Kosi, la « rivière de lait » toute blanche des dépôts rocheux qu’elle transporte depuis les glaciers qui sont au pied des hautes montagnes du monde. Les ponts de câbles qui enjambent la rivière se congestionnent au passage de yaks et de zopkios (des croisements entre des yaks et des vaches) lourdement chargés. Leur taille et leur mauvais caractère nous force à patienter avant de traverser. Nous sommes aussi ralentis par le flot de touristes marchant à pas de tortue.
La montée avant Namche a sale réputation, mais comme nous avons déjà beaucoup de pratique, elle s’avère pour nous un jeu d’enfant. À un détour du sentier, une première vue de l’Everest s’offre à nous. Au lieu de l’admirer, nous photographions les photographes. Ils sont si nombreux que l’on dirait un reportage télévisé!

Rendus à Namche (3500m), notre programme nous allouedeux journées d’acclimatation.

Nous en avons grand besoin, car la seule montée des rues en pente de Namche nous essoufle. Nous prenons le temps de visiter les deux musées du Parc National de Sagarmatha. Nous réservons aussi un après-midi à une randonnée jusqu’au village de Khumjung (3800 m), en passant près de l’aéroport de Shyanboche et le très chic hôtel Everest View. Des bombonnes d’oxygène sont disponibles sur place pour les clients arrivant par avion sans avoir pris le temps de s’acclimater!

Lors de cette excursion, nous quittons la forêt où dominent les rodhodendrons et les pins et mettons le pied dans la zone de la végétation sub-alpine. Nos horizons s’élargissent sans obstruction jusqu’aux sommets enneigés.
En fin de journée, en redescendant vers Namche, nous croisons les carrières de pierre de Zarok. Namche, en expansion perpétuelle depuis des années, vit au son des marteaux des maçons qui équarissent les pierres pour les nouveaux hôtels. Chaque pas de notre trajet entre Namche et Tengboche nous amènent près de l’Everest qui se découpe parfaitement sur le ciel bleu. À Tengboche, tous les hôtels sont pleins. Notre seule option est de camper dans la dernière tente triangulaire disponible. Ce qui amène tous les touristes ici, c’est le monastère, le plus important au sud de l’Everest. Sa visite est décevante, il y a plus de touristes que de moines et ces touristes ruinent l’atmosphère de prière et de méditation.

Le soir venu, nous prenons un bon repas aux côtés d’un groupe de Basques espagnols. Ceux-ci partagent leur entrée de craquelins avec nous. Malheur! Audrey se met à étouffer après l’ingestion d’un seul de ceux-ci! Nous cherchons à comprendre ce qui se passe. Audrey sent le craquelin et y décèle une odeur de crevettes! Audrey y est allergique… Nous ne trouvons pas un, mais 5 docteurs dans la salle, ayant tous les médicaments nécessaires. Audrey se tire indemne de son duel avec la crevette himalayenne.
Le lendemain, nous allons rejoindre Rob et son groupe à Pangboche. Rob est un guide britannique que nous avons croisé à quelques reprises sur le sentier et il nous a invités chez des amis. Rob aspire aussi à devenir Québécois, car il fréquente une fille de notre ville! Dans le village de Pangboche, nous faisons le lavage de tous nos vêtements et prenons notre dernière douche avant de nous aventurer dans la traversée des trois cols, en altitude et au froid.
Audrey passe une autre nuit à la salle de bain. PA se demande si son mal est lié à l’altitude, mais au matin nous pouvons confirmer que le cuisinier utilise une profusion de beurre dans ces préparations, ingrédient qu’Audrey ne tolère pas ici – le beurre népalais n’est pas pasteurisé.
Nous suivons Rob et ses clients jusqu’à Périche (4200 m) le jour suivant. Nous logeons chez le beau-frère d’Ang Nuru, le chef d’équipe qui accompagne Rob dans toutes ses expéditions. À Périche, nous assistons à une scéance d’information sur le mal aigu des montagnes prodiguée par des docteurs bénévoles étrangers du Himalayan Rescue Association. Cette capsule nous cause un stress soudain qui se dissipera assez rapidement.


En fin d’apres-midi, PA rejoint les plus jeunes du groupe de Rob ainsi que ce dernier sur une colline surplombant Périche pour faire de l’escalade sur les blocs erratiques qui parsèment les environs.
Le matin d’ensuite, nous passons de 4200 m à 4800 m en nous rendant à Chhukung, ce qui fait apparaitre en nous quelques symptômes liés à l’altitude : mal de tête, étourdissement. Avec du repos et un peu de nourriture, nous nous sentons déjà mieux.
Assis dans la salle commune de notre gîte, laquelle est chauffée par un poêle bourré de bouse de yaks (séchée en galettes sur les murs extérieurs des maisons), nous observons l’interaction entre un guide complètement saoul et ses clients exaspérés. Heureusement, tous les guides ne sont pas ainsi. Prenons par exemple notre hôte Tenzing qui s’est généreusement offert pour aller récupérer le cellulaire égaré par un touriste sur Chhukung Ri (5550 m), un sommet subsidiaire populaire auprès des trekkeurs.
Cette ascension que Tenzing complète en une heure nous en prend 5 le lendemain pour notre part! Durant la montée, la tête nous tourne et un mal de crâne semblable à une migraine nous prend. Nous poursuivons jusqu’au sommet et la chance nous sourit : aucun nuage n’obstrue la vue panoramique sur les montagnes. Nous nous tenons sous le mur noir imposant et presque vertical de Nupse, l’un des géants voisins de l’Everest.

Les symptômes de l’altitude, (ou de la déshydratation ?) perdurent quelques heures après notre retour à Chhukung. Notre sommeil n’est pas très récupérateur et nous nous levons souvent pour éliminer nos urines pleines de toxines (un autre effet de l’altitude!)
À notre éveil, nous sommes à plat. Nous partons malgré tout pour la traversée du col Kongma La, sans certitude de notre réussite. Un départ du mauvais pied, nous entamons la montée trop tôt, ce qui nous éloigne du sentier. Nous devons rebrousser chemin pour rejoindre le sentier principal, peu évident. Avant l’ascension des murs de la vallée suspendue, nous avalons notre lunch composé d’une quinzaine de pommes de terre bouillies que nous salons allégrement. Nous aboutissons au col Kongma La (5535 m) au pied duquel plusieurs lacs de couleur émeraude creusés par les glaciers peuvent être admirés. Nous contemplons notre descente vers Lobuche visible au loin par delà les moraines du glacier Khumbu. Nous devons garder constamment les yeux rivés sur les pierres instables sous nos pieds.

Une baisse d’énergie nous contraint à nous étendre quelques minutes au sol avant d’affronter le dernier obstacle de la journée, le glacier. Nous mettons une heure pour franchir les incessantes montées et descentes qui sculptent son relief. Après 9 heures de marche, au bout de nos forces, nous atteignons l’agglomération de Lobuche, un vrai bidonville composé d’hôtels chambranlants. Aucune chambre n’est disponible. Des dortoirs nous sont proposés. Ils sont si encombrés, voire insalubres, que nous préférons dormir dans la salle à manger en compagnie des porteurs qui boivent leur alcool maison (rakshi) en ricanant. Il nous est impossible de plonger dans un sommeil profond avec tout ce bruit ainsi qu’avec la lumière inondant la pièce.

Au lever du soleil, nous prenons la route en direction de Gorak Shep, la dernière étape avant le camp de base de l’Everest. Ce village, construit simplement pour les touristes et établit sur un carré de sable, n’était par le passé qu’un campement saisonnier pour les éleveurs. Nous y passons quelques journées et c’est pour nous l’occasion de se rendre là où plantent leurs tentes les expéditions projetant de gravir le plus haut sommet de la planète. La route pour s’y rendre longe dans un premier temps le glacier puis le traverse à mi-chemin. À partir de ce point, impossible de voir le sommet de l’Everest, mais la vue sur les glaces et sur les séracs est imprenable. Pour admirer l’Everest mieux vaut grimper Kalapathar (5545 m), une modeste pointe rocheuse facilement atteignable depuis Gorak Shep. Le ciel constamment couvert durant notre séjour à cet endroit nuit à la visibilité de l’Everest et des montagnes voisines. Du haut de Kalapathar, nous ne pouvons voir que des portions des montagnes et le sommet de l’Everest demeure voilé. Heureusement, ce n’est pas là notre dernière occasion de le zieuter.

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