lundi 8 novembre 2010

Jiri - Lukla

27 septembre au 4 octobre 2010

Notre trek commence du mauvais pied. La nuit avant notre départ de Jiri, l’estomac d’Audrey fait à nouveau des siennes. Nous quittons tardivement pour aider Audrey à recharger sa pile. Le sentier tricote un affreux chemin qui, dit-on, est celui de l’autobus… impossible d’imaginer rouler sur cette voie de terre cahoteuse et rongée par l’érosion. Les multiples croisements des différents chemins rendent la recherche de la suite du sentier difficile. Cela nous oblige à demander notre direction à différents porteurs et villageois. Le bon côté de ce partage, c’est que nous y gagnons parfois un morceau de fruit ou de légume frais!

Sur cette section de notre parcours, les porteurs sont très nombreux. Ceux-ci peuvent transporter 80 kg dans leur panier de bambou tressé, chargé sur leur dos et maintenu à l’aide d’Une sangle leur traversant le front. Ces porteurs vont très vite, mais nous pouvons les rattraper lors de leurs arrêts fréquents. Pour se reposer, les porteurs retiennent en équilibre leur panier sur une canne de bois qu’ils transportent à cet effet. Les porteurs reçoivent une somme minime pour chaque kilo transporté. Une grosse partie de leur charge est destinée aux touristes qui abondent plus haut en altitude dans la région de l’Everest.

Pendant cette portion de notre trek, nous gravissons quotidiennement plusieurs centaines et parfois plus de mille mètres d’élévation jusqu’à la cime d’une crête avant d’en redescendre tout autant jusqu’au plancher de la vallée voisine. Nos quadriceps sont fortement sollicités par l’inclinaison sévère des montées et des descentes. On se croirait sur des échelles. En dépit de nos efforts physiques soutenus, nous pouvons compter sur une température chaude tandis que s’estompe la saison des pluies.

Nous croisons peu de touristes sur notre trajet. Parmi ceux que nous rencontrons, la majorité voyage indépendamment de guides et de porteurs, tout comme nous.
Témoignage d’une époque passée où la plupart des expéditions empruntaient la route de Jiri à Lukla, plusieurs hôtels ponctuent les villages où nous nous arrêtons pour dormir. Ceux-ci sont bien construits avec des murs de pierre épais et s’ouvre sur un intérieur en bois. Ceci leur donne un aspect chaleureux qui se reflète dans l’accueil que nous réservent nos hôtes. Le manque d’affluence des touristes, qui aujourd’hui préfèrent voler jusqu’à Lukla, nous facilite l’obtention de chambres à prix modique (50 sous), voire gratuites, à condition bien sûr que nous consommions tous nos repas sur place. Par ailleurs, le prix de la nourriture est très raisonnable (repas à partir d’un dollar). C’est aussi le royaume de la pomme, Audrey est ravie! Tartes aux pommes, brandy et cidre de pomme, pommes dans le porridge ou muesli, pommes partout!

Au gré de nos pas, découvrons ce bout de pays. Partout où notre regard plonge, les vallées sont découpées en terrasses pour les différentes cultures (pommes de terre, riz, choux, orge et millet). Les monastères juchés sur chaque promontoire attirent notre attention vers le sommet des montagnes. Sur notre chemin, nous gardons un œil ouvert sur les chortens (ou stupas) et les murs de mani (pierres gravées de prières) se dressant au centre des sentiers. Par respect pour les esprits de ces lieux, nous prenons grand soin de les contourner par la gauche, comme le veut la coutume.

De villages en villages, des marchants conduisent leurs caravanes d’ânes transportant les denrées de base, riz et kérozène, pour combler les besoins les plus essentiels des gens de la région. Le reste de la vie animale se résume aux chèvres, poules et quelques rares vaches.

Parmi tous les endroits où nous hébergeons notre préféré est Junbesi. Dans ce hameau bordent un tranquille cours d’eau, nous accordons à nos jambes fatiguées une journée de repos. Nous en profitons pour visiter l’école de l’endroit (une œuvre du Hillary Trust, fondé par le premier ascensionniste de l’Everest). L’avant-midi passé en compagnie du directeur et des professeurs nous permet de comprendre que les méthodes d’enseignement sont en processus de changement et se rapprochent de plus en plus de celles proposées par la réforme québécoise en éducation! Leur inspiration vient toutefois de la Nouvelle-Zélande.

En après-midi, nous prenons une courte marche jusqu’au monastère Tutten Choeling lequel abrite 500 moines et moinesses, pour la plupart des réfugiés tibétains. Nous assistons à une cérémonie de prières pendant laquelle notre odorat est assailli par l’odeur puissante du thé au beurre (le breuvage bien gras qui permet aux Tibétains d’affronter l’hiver).

Par la suite, nous rencontrons le président du Himalayan Yéti Club, une organisation locale qui mène une foule de projets à saveurs sociales, culturelles et environnementales. Notre discussion est fort intéressante et accompagnés de thé au beurre. Au registre des saveurs, impossible d’oublier les repas servis par Dawa, notre hôte au Namaste Lodge. Cuisinés avec des légumes de sa serre, ceux-ci excitent nos papilles gustatives tout comme notre gourmandise. Notre ouïe est elle aussi flatté par les extraits de guitare que nous joue Dawa. Sa compagnie rend nos soirées très agréables.

La première partie de notre trek se conclue par une journée interminable, une descente difficile suivie d’une montée éreintante jusqu’à Lukla. Au-dessus de nos têtes, les petits avions atterrissent et décollent de la piste courte et inclinée de Lukla. C’est quelque chose à voir! Bien que Lukla soit vide en soirée (les randonneurs s’étant avancés en direction de l’Everest dans les minutes suivant leur arrivée), nous savons que dès le lendemain les sentiers seront bondés. La haute saison du trekking est commencée.

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