samedi 20 novembre 2010

Conclusion à Katmandou

1 au 17 novembre 2010

Nos deux dernières semaines ensemble, parce qu’Audrey quitte pour s’en retourner à Québec le 18 novembre, sont l’occasion de nombreuses visites autour de Katmandou : des lieux de cultes bouddhistes et hindous, des jardins, des quartiers touristiques. Pour ce dernier message, nous abandonnons la chronologie de nos allers et venues pour se consacrer à la description de rubriques organisées selon les types de lieux où nous sommes allés.

Les lieux de cultes

Boudhanath, la plus imposante stupa de Katmandou, est aussi le centre de la colonie tibétaine. Autour de cette stupa fleurissent des dizaine de monastères et surtout, des boutiques de souvenirs. On peut y voir exposés dans les vitrines des thankas (peintures représentant des mandalas, les moments de la vie de Bouddha et d’autres divinités importantes aux yeux des bouddhistes), des objets rituels et de la vie quotidienne. Des commerces de CD et de DVD font jouer en boucle des chants incantatoires. «Ohm mani padme om» remplit nos oreilles. Les mendiants nous font la cours : ils ont appris à apprivoiser les étrangers avec leurs histoires à vous arracher le cœur. Après avoir complété nos cercles autour de la stupa, nous décidons de ne pas plus nous attarder au milieu de ce cirque touristique.

Il règne une atmosphère très contrastée à Pashupatinath, le plus sacré des temples hindous de la capitale népalaise derrière lequel sont pratiquées des crémations aux abords d’un tranquille cours d’eau. Le temple lui-même nous est interdit : il est réservé exclusivement aux Hindous. Un gros bœuf d’or lui fait face et des vaches bien en chair lui tiennent compagnie.

L’architecture médiévale des bâtiments ici rassemblés est riche en bois ouvragé. Sur le temple principal, tout est recouvert de dorures.

Situé sur une colline de l’autre côté de la ville par rapport aux deux lieux de cultes précédents, Swayambunath rassemble des édifices sacrés du bouddhistes et de l’hindouisme. Les deux religions se côtoient et se superposent au rythme des déplacements cérémonieux des pratiquants. De nombreux artistes et artisans occupent les rez-de-chaussée des bâtiments ceinturant la stupa et le temple centraux. Nous pouvons les voir exerçant leur art. Nous passons du temps auprès des graveurs sur pierre et apprenons à jouer «aux tigres et aux chèvres», un jeu de stratégie dont le plateau est une pierre découpée. Audrey s’en procure un et fait l’achat d’une aquarelle représentant une scène typique d’un quartier historique que nous connaissons.

Les lieux historiques

Le quartier qui est le sujet de la peinture choisie par Audrey se nomme Bakhtapur. Cette cité médiévale délabrée nous parait pouvoir du jour au lendemain s’effondrer et disparaitre. En parcourant le dédalle de ses ruelles, nous relevons les innombrables indices de sa fragilité : murs de briques fissurés, bombés ou inclinés au-dessus des rues. En dépit de l’état des lieux, les citadins vaquent à leurs occupations sans broncher. Les femmes étalent à sécher et tamisent des grains de riz. Les hommes transportent et engrangent les tiges des plants de riz qui servent à nourrir les bêtes. Un complexe de temples et de palais forme le noyau de Bakhtapur. Le plus fascinant d’entre eux, une haute pile de toits de pagodes, présente un escalier gardé par d’impressionnantes sculptures humaines, animales et divines. La disposition de celle-ci répond à la règle suivante : par-dessous un lutteur situé à la base se trouve un éléphant dix fois plus fort que lui ; au-dessus de l’éléphant se dresse un hippogriffe dix fois plus redoutable que lui ; un griffon suit et au-dessus de tous s’élève une représentation de Shiva, ces deux derniers respectivement 10 et 100 fois plus terribles que l’hippogriffe. Semblable à Bakhtapur et très près d’où nous séjournons se trouve le Durbar Square de Katmandou. Jadis les anciens rois du Népal y établirent leur demeure. Aujourd’hui, ce quartier est un important marché où les commerçants vendent leurs produits à l’intérieur des divers petits temples. Le poisson séché est en abondance dans les étalages.Le musée est fermé, mais nous avons eu l’opportunité de visiter la maison de Kumari, une incarnation de la déesse Durga. Kumari a 6 ans. La tradition veut que Kumari change de visage chaque fois que la jeune fille atteint ses 13 ans. Les Népalais font des sacrifices animaux en son honneur tous les ans et on nous dit que nous arrivons au lendemain du plus important d’entre eux. Nous ne tenions pas vraiment à être présents.

Nous allons aussi flâner dans l’agréable Gardins of Dreams. Son fondateur a gagné la fortune qui a servi à sa construction au jeu. Le parc est tombé en abandon pendant une soixantaine d’années avant d’être joliment restauré au tournant des années 2000. Une galerie de photos montre les différences d’avant et après les rénovations. Plusieurs plans d’eau, de nombreuses variétés de plante et quelques statues égaient ce jardin enchanteur. Détonnant dans ce décor classique, une grosse balançoire fabriquée de bambou s’élève tout près de l’amphithéâtre. Elle sert de divertissement aux tout petits comme aux plus grands. Nous aussi comme les enfants nous nous y berçons à tour de rôle.


Sri Aurobindo Yoga Mandir

Entre nos visites au alentour de Katmandou, nous prenons une semaine pour nous reposer à l’ashram Sri Aurobindo auprès de Ramchandra et des jeunes. Notre venue coïncide avec le festival de Tihar pendant lequel les enfants de l’ashram font la tournée des quartiers bien nantis pour y présenter leurs talents musicaux et de danse. Cette activité est bien appréciée de tous et lucrative. Pour vous donner une image, cela ressemble un peu à notre Halloween en ceci que les enfants vont de portes en portes chantant et criant pour demander des friandises ou de l’argent de poche. Lors de cette occasion nous pouvons goûter à toute sorte de mets parfumés, mais parfois trop, et aussi nous sucrer et graisser le bec. Après le festival, viennent à l’ashram les dignitaires du consulat de l’Inde au Népal pour assister à une présentation de danse exécutée par deux indiennes et pour en évaluer leur performance, et qui sait, les aider à se produire sur scène un jour. Nous avons la chance de voir les danseuses en action dans leur costume d’apparat. Kalen, un Finlandais, nous invite pour une courte randonnée un après-midi dans la vallée. Nous faisons la rencontre d’un jeune garçon dénommé Dhanraj qui nous accompagne jusqu’au monastère Balambu dont le décor est plus coloré. Sa construction s’est terminée en 2007. Dhanraj nous invite ensuite pour une petite bouchée à sa maison devant laquelle le riz sèche au soleil. Un lait caillé pour PA et des oranges pour Audrey sont les snacks offerts. PA, par respect, ne veut pas refuser les invitations qu’on lui fait. Il se force pour boire le lait sans grimacer pendant que Kalen et Audrey rient intérieurement.
Lors de cette semaine à l’ashram, Audrey avait aussi pour mission de donner des cours de français aux enfants, mais il n’y a pas eu d’école de la semaine dû au festival. En marge de tous ces déplacements, nous passons du temps dans le quartier touristique de Thamel à prendre de bons repas et un verre de temps en temps.

Ceci après tout n’est qu’un blog et ce message en est le dernier. Comme nous ne pouvons tout partager par écrit, il nous fera donc plaisir de continuer cet échange de vive voix aussitôt que l’occasion s’en présentera. Audrey revient à Québec le 18 novembre 2010 et PA le 20 janvier 2011.

Nous attendons les invitations ! :D

lundi 15 novembre 2010

Une sortie vers l'est du Népal

23 au 28 octobre 2010

Surkhe est un village bordant une rivière qui a creusé son lit très profondément au cœur des montagnes, à une altitude de 2 290 m. Les sentiers dans toutes les directions remontent très haut sur les versants boisés. Nous partons vers le sud en suivant le parcours sinueux de la piste qui se conforme aux drainages et aux renflements de la montagne. Après quelques heures, nous arrivons à un embranchement où un porteur nous suggère de prendre la voie la plus abrupte coupant dans la montagne pour rejoindre Pangum plutôt que le trajet la contournant. Il nous convient qu’il est de plus courte durée quoique plus difficile et que nous pourrons y trouver de quoi manger en moins d’une heure. Une fois rendus à la maison de thé, notre ventre gronde. Nous demandons quelque chose à se mettre sous la dent, mais on nous répond que ce n’est pas possible. Il nous faut se contenter d’un thé au lait et de biscuits à la noix de coco. Notre lunch est rapidement digéré durant la marche qui parait interminable. Après avoir traversé une végétation dense de forêt mixte laissant place à un décor de jungle, nous arrivons affamés et faibles à Pangum. PA commande le repas dès notre arrivée. Nous ne sommes malheureusement servis que 3 heures plus tard, car la cuisinière nous a oubliés. Nous brûlons tout ce temps en bavardant avec des Australiens qui ont comme objectif l’ascension de Mera Peak, une montagne de 6 476 m qui en dépit de sa hauteur ne demande aucune expérience d’alpinisme.

La noirceur tombée, PA ne manque pas l’occasion de rejoindre le cuisinier en chef de l’expédition de nos deux Austriens pour siroter un peu de Chhang (bière maison au riz). Il voudrait inviter Audrey, mais les femmes ne sont pas conviées à ce genre d’activité. Elle passe le reste de la soirée à rire en compagnie des Australiens pendant que PA partage des heures moroses avec un alcoolique mécontent de son emploi.

Le lendemain, nous surmontons le premier des trois petits cols qui coupent notre itinéraire jusqu’à Tumlingtar. Après chaque col nous devons franchir une vallée et remonter la pente du côté opposé. La descente d’aujourd’hui est particulièrement hallucinante. Les lacets du sentier sont si resserrés que nous avons l’impression de dévaler une piste de ski extrême dans un sous-bois. Cette étape de notre trek est aussi physique qu’entre Jiri et Lukla sinon plus, mais cette fois nous pouvons compter sur des jambes bien entraînées.
Nous parvenons à dépasser les porteurs et à garder une bonne avance sur eux. Pensant qu’il nous reste plusieurs heures de marche avant d’atteindre Nanjidingma, notre objectif de la journée, nous arrêtons dans une maison de thé pour engloutir un dal bhat qui prend un temps fou à cuisiner. Ces maisons sont rares sur le sentier et peu fréquentées. Nous sommes surpris, 45 minutes de marche plus tard, d’entrer dans le hameau de Nanjidingma. C’est bien moins de temps que l’annonçait notre guide «Lonely Planet ». Au cours des jours suivants, nous apprendrons à ne plus lui faire confiance. Les hôtels de Nanjidingma ne sont pas luxueux. Ils sont bâtis de vieilles planches de bois cloisonnées avec du bambou tressé. Les toits sont faits de pailles. Les planchers sont incomplets, inégaux et troués. Notre chambre est meublée par des paniers remplis de patates. Cela nous fait rire.
La fille de la propriétaire, Yangji, a beaucoup d’entregent et sait nous mettre à l’aise. Nous passons la soirée en sa compagnie autour du feu. Deux jeunes frères de Calgary sont avec nous. Les sujets de discussion sont variés. Ils ont suivi le même parcours que nous lors de leur trek. Nous aimerions poursuivre la route avec eux, mais un d’entre eux est très malade, ce qui les ralenti tandis que pour notre part nous avons un bon rythme.

Le jour suivant, nous traversons notre deuxième col de trois dans une forêt de feuillus biens droits. Le sentier redescend à travers les champs en terrasse jusqu’à Bung. Selon notre livre, Bung serait notre arrêt pour la nuit, mais il est encore trop tôt et la forme est bonne pour se rendre plus loin. Même si nous continuons, nous aurons tiré avantage de Bung là où est servi le meilleur dal bhat de la région.

Lorsqu’en 1951, Éric Shipton, le 1er étranger à randonner dans la région, a parcouru la distance entre Bung et Gudel, il n’a pas su résister à la tentation d’écrire des rimes cyniques sur la longue descente jusqu’à la rivière et la remontée jusqu’au village voisin. Pour notre part, nous ne trouvons pas si terrible cette épreuve. Le décor est majestueux et le sentier suivant un ruisseau est magnifique.

Un seul hôtel est ouvert à Gudel, le Namaste Lodge. Les autres ont dû fermer durant la rébellion des maoïstes. Nous sommes bien accueillis, mais pour les repas Audrey n’est pas très choyée. Tout contient du beurre. Elle se limite au riz blanc.

Le lendemain, une grosse journée de marche nous attend. Elle nous amène de Gudel à Phedi, ce qui correspond à une durée de 10 heures en passant par-dessus le dernier col de notre trek.
Nous disons nos adieux au pays Sherpa en prenant un thé tout près de Sanam chez une vieille dame qui nous invite à l’intérieur de sa maison traditionnelle. Elle nous offre un fruit que nous ne connaissons pas. L’idée de goûter une nouvelle saveur nous fait saliver. Désespoir! Ce fruit maudit goûte les patates, chose que nous connaissons un peu trop. En quittant Sanam, nous nous enfonçons dans une forêt enchantée. Les arbres sont couverts d’épais lichens et les rochers sont recouverts de mousse. Nous nettoyons l’un d’entre eux pour s’y asseoir et prendre notre lunch : un dal bhat précieusement conservé dans l’une de nos bouteilles nalgène. Et oui! Notre dal bhat contient des patates.
Dans la pente casse-cou avant d’arriver à Phedi, des jeunes descendent les roches humides et boueuses en courant pendant que nous nous efforçons à bien déposer nos pieds sur chacune de celles-ci.

Nous atteignons Phedi dans l’obscurité. À peine arrivée, nous délassons nos bottes et sautons dans le lit en moins de deux. Au chant du coq, nous mangeons des chapatis, relaçons nos bottes et partons en longeant la rivière à travers les rizières à perte de vue. Nous devons traverser le cours d’eau à quelques reprises dont une fois sur un pont de bambou suspendu.
La température est très chaude car nous nous trouvons à une altitude oscillant entre 300 et 400 m. L’envie de nous baigner dans la rivière est forte. Nous attendons d’être à Gothe Bazar pour profiter de cette opportunité de nous doucher dans un ruisseau. C’est la seule option possible pour se laver et nettoyer nos vêtements. Nous relaxons ensuite dans notre chambre bien ventilée tout en mangeant des oranges et en buvant une bière.

Au début de la journée d’ensuite, nous nous mettons en marche en pensant aux deux jours de trek qu’il nous reste. Nous cheminons sous un couvert forestier pendant quelques heures avant qu’il ne s’ouvre à nouveau sur des terrasses de rizière dont les canaux d’irrigation sont infestés de grenouilles.
Plusieurs regroupements de maisons ponctuent le paysage. Nous arrêtons à Bhata, un stop de porteurs. Cette fois, notre repas n’est pas du dal bhat, mais plutôt une soupe de ramens épicée. Nous descendons jusqu’au lit de la rivière aux abords duquel nous pouvons marcher sur le sable. Nous entrons plus tôt que prévu à Chwayambesi, qui a l’apparence d’un village de pêcheurs. On se croirait sur le bord de la mer, les vagues en moins. Il y règne une odeur d’algue séchant au soleil.

Lorsque nous apprenons qu’il est possible de marcher jusqu’à Tumlingtar en deux heures, nous décidons de ne pas passer la nuit à Chwayambesi. Nous suivons pour un temps une nouvelle route toujours en construction avant de redescendre sur les galets le long de la rivière.
Après une heure de marche, nous traversons un pont suspendu pour rejoindre une plaine où ont poussé quelques hôtels. Nous croyons que notre trek prend fin ici, car il correspond à ce que nous avons lu à propos de Tumlingtar. Pour écourter la recherche de l’hôtel Arun recommendé dans notre guide, nous demandons aux gens étant sur place où il se trouve. Personne ne semble le connaître. Un homme nous répond finalement que cet hôtel se trouve à Tumlingtar situé à une heure d’ici. Zut! Notre trek n’est pas terminé. Nous nous mettons quelques biscuits à la noix de coco sous la dent tandis que nous entourent des individus en état d’ébriété, déplaisants, envahissants et exigeant de nous des pilules énergétiques canadiennes. Nous ne savons pas de quoi ils parlent : nous déguerpissons. Pour rejoindre Tumlingtar, nous devons monter sur plateau. Étants en feu, nous concluons cette dernière épreuve en seulement 30 minutes. Un népalais sans sac à dos nous colle aux semelles en crachant ses poumons. Il sera le seul musicien de la fanfare pour célébrer notre arrivée sur la plaine poussiéreuse qu’est Tumlingtar.

Nous festoyons en soirée avec une petite bouteille de whisky qui s’avère bien suffisante pour nous achever. Audrey ne sent plus ses jambes après seulement deux gorgés. Nous dormons bien, mais peu longtemps. Nous avons un jeep à prendre très tôt en matinée pour nous mener à la rivière Sabha khola que l’on doit traverser à bord d’une énorme chaloupe de bois pouvant contenir 50 personnes. Deux passeurs la propulsent à l’aide de palanques. De l’autre côté, nous attrapons un autobus qui nous fait vivre des sensations fortes et nous donne la nausée sur les routes montagneuses jusqu’à Dharan Bazaar.
Nous voici de retour en ville après 31 jours de trek. Nous devons y penser à deux fois avant de traverser la rue qui nous semble dangereuse. Pendant nos 24 heures dans cette ville, nous nous gavons de sucreries, de pizza, de fruits frais, de samosas et de mets indiens qui nous manquaient. Parcourir le marché, voir la variété de produits dans les étalages et surtout les consommer nous rend heureux.

Le voyage de nuit pendant 15 heures pour retourner à Katmandou nous rend moins heureux. Une fois nos fessiers misent en compote et les bananes du toit livrées dans des entrepôts en bordure de la capitale, nous pouvons enfin nous réfugier dans un hôtel qui se trouve dans le décor touristique de Thamel. Nous passerons deux semaines entre ce quartier et l’orphelina-ashram de Sri Aurobindo.

vendredi 12 novembre 2010

La traversée de deux cols

16 au 22 octobre 2010
Les conditions climatiques ne s’améliorent point tandis que nous descendons de Gorak Shep jusqu’à Dzonglha. Après nous être srrêtés à Lobuche pour diner, nous constatons que les nuages sont plus épais et que le vent souffle plus fort. La neige se met de la partie et la visibilité se réduit à quelques mètres devant nous alors que nous traversons une rivière asséchée. Pour l’essentiel, le sentier que nous suivons demeure à niveau tout en coupant le versant de la montagne qu’il nous faut contourner. Nous avons l’impression de marcher dans les nuages. Dzonglha se cache de l’autre côté d’un torrent. Sa traversée se fait grâce à un pont composé de 2 billots simplement déposés de part et d’autre de la rivière et garni de quelques pierres plates placées sur le dessus.
Dzonglha est un simple arrêt pour les touristes constitué uniquement de 2 hôtels dans lesquels aucune chambre n’est vacante. Cette fois, nous devons nous résoudre à dormir dans un dortoir. Étonnamment, nous dormons profondément malgré la présence de 14 autres trekkeurs grippés ou nauséabonds. Audrey appartient au groupe des grippés tandis que PA se classe parmi les nauséabonds.

Il neige toute la nuit. Tous les trekkeurs assis dans la salle commune se posent la même question : « Devons-nous s’aventurer sur le col Cho La ?». Après mûr réflexion, et surtout après vu qu’un groupe nous ouvre le sentier, nous quittons tous à la queue leuleu. Nous sommes à la fin de la queue et jouissons d’un sentier bien battu.

Nous surmontons lentement les rampes étroites de pierres glissantes qui mènent jusqu’au glacier.


Celui-ci est différent des autres traversés précédemment : d’abord sa surface est beaucoup moins étendue ; ensuite, comme il n’est pas couvert de débris, nous marchons directement sur la glace recouverte de neige fraîchement tombée ; enfin, nous passons juste au-dessous de sa source qui plâtre le versant de la montagne à notre gauche. Nous gagnons le col Cho La (5420 m) sur une barrière aiguisée de rocher jaillissant des glaces. De l’autre côté nous attend une autre descente (nous ne les comptons plus) parmi les blocs erratiques et les amas rocheux. Quelques heures de marche nous dirigent sur Tagnag, un modeste hameau reposant là où les parois resserrées de la vallée que nous descendons s’ouvrent soudainement.

Un temps d’arrêt à Tagnag pour prendre un breuvage chaud nous permet de nous redonner l’énergie nécessaire avant de s’aventurer sur le glacier Ngozumpa derrière lequel se cache Gokyo. Ce glacier, le plus étendu de la région, coule de Cho Oyu, la cinquième plus haute montagne du monde. À notre grande surprise, sa traversée se fait avec facilité. Il suffit de suivre le tracé dessiné par les gens des villages avoisinants. Les cartes sont par contre inutiles. Le glacier est encore en mouvement, ses lacs s’agrandissent et ses monticules croulent lors de la fonte, ce qui modifie année après année la piste le parcourant. C’est fascinant!

Le village de Gokyo est peu perceptible de la moraine où nous émergeons. Un nuage nous entoure. Nous nous dirigeons vers les toits de toile pour s’y réfugier pour la nuit. Audrey négocie un prix pour trois nuitées au Namaste Lodge. Nous obtenons une chambre dans la nouvelle section de l’hôtel où les murs des chambres sont fabriqués seulement de contreplaqué, ce qui rend nos nuits très froides. Non seulement la température trouble notre sommeil, un tremblement de terre l’affecte à son tour et tout l’hôtel se met à vibrer lors de notre première nuit. Les secousses sont minimes, mais fréquentes en ce lieu.

Au matin, les nuages s’étant dissipés, nous pouvons admirer le lac Dudh Pokhari par la baie vitrée de la salle à manger bien chauffée. Ayant besoin de repos, nous limitons nos déplacements au minimum. Nous allons nous s’asseoir au bord du lac et lançons des cailloux à la surface de l’eau pour leur faire faire des bonds. Ce lac est sacré pour les hindous et les bouddhistes. Pour les uns il est le bain de Shiva et pour les autres il est la demeure du dieu Serpent. Ne vous inquiétez pas, faire des bonds n’est pas un sacrilège.


Notre deuxième journée, nous la consacrons à l’ascension de Gokyo Ri (5360 m), un observatoire naturel offrant un des plus beaux observatoires de notre périple. Depuis son sommet, nous avons la chance d’observer plusieurs montagnes : Everest, Nupse, Cholatse, Cho Oyu et d’autres. Cette randonnée nous donne faim.


Au retour, comme entrée, nous nous offrons les restes des autres voyageurs à qui l’altitude coupe l’appétit. Nous avons déjà pris l’habitude de terminer les assiettes des autres, ce qui diminue le gaspillage et réduit le coût de notre facture. Par ailleurs, nous nous laissons gâter par nos hôtes qui sont pleins d’attentions à l’égard de leurs clients. La plus formidable d’entre-elles demeure la distribution de petites serviettes chaudes au jasmin pour se laver le visage et les mains avant le repas.

Des amis québécois travaillant pour Hydro-Québec nous assurent un peu de divertissement en soirée. Nous jouons au 500 jusqu’au moment où on nous demande quitter la salle commune pour permettre aux porteurs de se reposer. L’horloge indique 21h00. Nous sommes les seuls couche-tard.

Le lendemain, nous devons contourner le flanc de la montagne Gokyo Ri. Sur son versant opposé, une montée vers Renjo La se déploie devant nous. Des yaks nous font faces et s’approchent de nous sur le sentier. Ils profitent, du même coup, de leur temps de repos pour brouter leur content d’herbe sous un soleil généreux. Un sentier en ligne droite nous conduit vers un plateau entouré de montagnes chapeautées de neige éternelle. Nous bifurquons ensuite vers la droite en suivant un chemin serpentant entre des dalles lisses, ce qui nous mène au dernier passage de plus de 5000 m prévu à notre itinéraire : Renjo La (5345 m). Nous passons sous les drapeaux de prière qui grelottent au vent. Nous descendons de l’autre côté sur un escalier massif recouvert de neige. Les nuages s’entassent devant nous et voilent la vallée vers laquelle nous nous dirigeons. Le demeurant de la journée est une succession de lacs, de ruisseaux, de rivières ainsi que de ponts et de villages.

Notre énergie est à son maximum, alors nous poussons plus loin que prévu, ce qui nous permet de faire deux jours en un. Dix heures après notre départ matinal, nous nous trouvons à 3800 m d’altitude et ressentons les bienfaits d’un air abondant en oxygène.

Le jour suivant nous réjouit. Peu de marche est prévue à notre horaire, un simple deux heures. Avec un emploi du temps aussi léger, nous prenons un chemin alternatif afin d’aller visiter la centrale hydro-électrique de Thame inaugurée en novembre 1994 par des ONGs autrichiennes et maintenant passé sous la direction des Sherpas. Cette centrale, appartenant à la compagnie Bijuli, est d’une puissance de 620 kW et génère du courant pour plusieurs villages : Namche Bazar, Thamo, Thame, Khumjung et Khunde. Pour en apprendre d’avantage sur cette construction et sur les projets futurs, nous discutons avec un administrateur de la compagnie. Il nous informe d’un projet d’agrandissement de la centrale afin de fournir l’énergie nécessaire pendant la saison forte du tourisme.


Nous avons aussi l’opportunité de partager avec d’autres personnes du village de Thamo telle Ang Rita, un guide ayant atteint 6 fois le sommet de l’Everest et Ang Maya, la propriétaire du Maya Lodge, qui est une activiste sociale.

Nous tardons à atteindre Namche Bazar qui se cache derrière d’épais nuages. Le seul indice nous informant de notre arrivée est le martellement des maçons que nous entendons depuis un moment. Pour souligner l’accomplissement de la boucle des trois cols, nous nous accordons de délicieuses barres de chocolat. L’essoufflement que nous ressentions à notre premier passage à Namche est disparu. Il semble que nous nous soyons bien acclimatés aux hautes altitudes.
Nous ne passons qu’une nuit à Namche et avançons rapidement jusqu’à Surkhe. Cela est une longue et agréable marche au travers de tranquilles villages en contrebas des sentiers trop achalandés par les touristes allant attraper leur vol de retour sur Katmandou à partir de Lukla. Nous voici de retour au milieu des collines qui servent de contreforts aux Himalayas.
Nous sommes arrivés de l’ouest et nous allons maintenant vers l’est. La prochaine route desservit par des autobus se trouve à une semaine de marche environ.

mercredi 10 novembre 2010

Camp de base d'Everest

5 au 15 octobre 2010

À partir de Lukla, nous accèdons à la région du Khumbu, c’est-à-dire la région de l’Everest, via un défilé étroit creusé par Dudh Kosi, la « rivière de lait » toute blanche des dépôts rocheux qu’elle transporte depuis les glaciers qui sont au pied des hautes montagnes du monde. Les ponts de câbles qui enjambent la rivière se congestionnent au passage de yaks et de zopkios (des croisements entre des yaks et des vaches) lourdement chargés. Leur taille et leur mauvais caractère nous force à patienter avant de traverser. Nous sommes aussi ralentis par le flot de touristes marchant à pas de tortue.
La montée avant Namche a sale réputation, mais comme nous avons déjà beaucoup de pratique, elle s’avère pour nous un jeu d’enfant. À un détour du sentier, une première vue de l’Everest s’offre à nous. Au lieu de l’admirer, nous photographions les photographes. Ils sont si nombreux que l’on dirait un reportage télévisé!

Rendus à Namche (3500m), notre programme nous allouedeux journées d’acclimatation.

Nous en avons grand besoin, car la seule montée des rues en pente de Namche nous essoufle. Nous prenons le temps de visiter les deux musées du Parc National de Sagarmatha. Nous réservons aussi un après-midi à une randonnée jusqu’au village de Khumjung (3800 m), en passant près de l’aéroport de Shyanboche et le très chic hôtel Everest View. Des bombonnes d’oxygène sont disponibles sur place pour les clients arrivant par avion sans avoir pris le temps de s’acclimater!

Lors de cette excursion, nous quittons la forêt où dominent les rodhodendrons et les pins et mettons le pied dans la zone de la végétation sub-alpine. Nos horizons s’élargissent sans obstruction jusqu’aux sommets enneigés.
En fin de journée, en redescendant vers Namche, nous croisons les carrières de pierre de Zarok. Namche, en expansion perpétuelle depuis des années, vit au son des marteaux des maçons qui équarissent les pierres pour les nouveaux hôtels. Chaque pas de notre trajet entre Namche et Tengboche nous amènent près de l’Everest qui se découpe parfaitement sur le ciel bleu. À Tengboche, tous les hôtels sont pleins. Notre seule option est de camper dans la dernière tente triangulaire disponible. Ce qui amène tous les touristes ici, c’est le monastère, le plus important au sud de l’Everest. Sa visite est décevante, il y a plus de touristes que de moines et ces touristes ruinent l’atmosphère de prière et de méditation.

Le soir venu, nous prenons un bon repas aux côtés d’un groupe de Basques espagnols. Ceux-ci partagent leur entrée de craquelins avec nous. Malheur! Audrey se met à étouffer après l’ingestion d’un seul de ceux-ci! Nous cherchons à comprendre ce qui se passe. Audrey sent le craquelin et y décèle une odeur de crevettes! Audrey y est allergique… Nous ne trouvons pas un, mais 5 docteurs dans la salle, ayant tous les médicaments nécessaires. Audrey se tire indemne de son duel avec la crevette himalayenne.
Le lendemain, nous allons rejoindre Rob et son groupe à Pangboche. Rob est un guide britannique que nous avons croisé à quelques reprises sur le sentier et il nous a invités chez des amis. Rob aspire aussi à devenir Québécois, car il fréquente une fille de notre ville! Dans le village de Pangboche, nous faisons le lavage de tous nos vêtements et prenons notre dernière douche avant de nous aventurer dans la traversée des trois cols, en altitude et au froid.
Audrey passe une autre nuit à la salle de bain. PA se demande si son mal est lié à l’altitude, mais au matin nous pouvons confirmer que le cuisinier utilise une profusion de beurre dans ces préparations, ingrédient qu’Audrey ne tolère pas ici – le beurre népalais n’est pas pasteurisé.
Nous suivons Rob et ses clients jusqu’à Périche (4200 m) le jour suivant. Nous logeons chez le beau-frère d’Ang Nuru, le chef d’équipe qui accompagne Rob dans toutes ses expéditions. À Périche, nous assistons à une scéance d’information sur le mal aigu des montagnes prodiguée par des docteurs bénévoles étrangers du Himalayan Rescue Association. Cette capsule nous cause un stress soudain qui se dissipera assez rapidement.


En fin d’apres-midi, PA rejoint les plus jeunes du groupe de Rob ainsi que ce dernier sur une colline surplombant Périche pour faire de l’escalade sur les blocs erratiques qui parsèment les environs.
Le matin d’ensuite, nous passons de 4200 m à 4800 m en nous rendant à Chhukung, ce qui fait apparaitre en nous quelques symptômes liés à l’altitude : mal de tête, étourdissement. Avec du repos et un peu de nourriture, nous nous sentons déjà mieux.
Assis dans la salle commune de notre gîte, laquelle est chauffée par un poêle bourré de bouse de yaks (séchée en galettes sur les murs extérieurs des maisons), nous observons l’interaction entre un guide complètement saoul et ses clients exaspérés. Heureusement, tous les guides ne sont pas ainsi. Prenons par exemple notre hôte Tenzing qui s’est généreusement offert pour aller récupérer le cellulaire égaré par un touriste sur Chhukung Ri (5550 m), un sommet subsidiaire populaire auprès des trekkeurs.
Cette ascension que Tenzing complète en une heure nous en prend 5 le lendemain pour notre part! Durant la montée, la tête nous tourne et un mal de crâne semblable à une migraine nous prend. Nous poursuivons jusqu’au sommet et la chance nous sourit : aucun nuage n’obstrue la vue panoramique sur les montagnes. Nous nous tenons sous le mur noir imposant et presque vertical de Nupse, l’un des géants voisins de l’Everest.

Les symptômes de l’altitude, (ou de la déshydratation ?) perdurent quelques heures après notre retour à Chhukung. Notre sommeil n’est pas très récupérateur et nous nous levons souvent pour éliminer nos urines pleines de toxines (un autre effet de l’altitude!)
À notre éveil, nous sommes à plat. Nous partons malgré tout pour la traversée du col Kongma La, sans certitude de notre réussite. Un départ du mauvais pied, nous entamons la montée trop tôt, ce qui nous éloigne du sentier. Nous devons rebrousser chemin pour rejoindre le sentier principal, peu évident. Avant l’ascension des murs de la vallée suspendue, nous avalons notre lunch composé d’une quinzaine de pommes de terre bouillies que nous salons allégrement. Nous aboutissons au col Kongma La (5535 m) au pied duquel plusieurs lacs de couleur émeraude creusés par les glaciers peuvent être admirés. Nous contemplons notre descente vers Lobuche visible au loin par delà les moraines du glacier Khumbu. Nous devons garder constamment les yeux rivés sur les pierres instables sous nos pieds.

Une baisse d’énergie nous contraint à nous étendre quelques minutes au sol avant d’affronter le dernier obstacle de la journée, le glacier. Nous mettons une heure pour franchir les incessantes montées et descentes qui sculptent son relief. Après 9 heures de marche, au bout de nos forces, nous atteignons l’agglomération de Lobuche, un vrai bidonville composé d’hôtels chambranlants. Aucune chambre n’est disponible. Des dortoirs nous sont proposés. Ils sont si encombrés, voire insalubres, que nous préférons dormir dans la salle à manger en compagnie des porteurs qui boivent leur alcool maison (rakshi) en ricanant. Il nous est impossible de plonger dans un sommeil profond avec tout ce bruit ainsi qu’avec la lumière inondant la pièce.

Au lever du soleil, nous prenons la route en direction de Gorak Shep, la dernière étape avant le camp de base de l’Everest. Ce village, construit simplement pour les touristes et établit sur un carré de sable, n’était par le passé qu’un campement saisonnier pour les éleveurs. Nous y passons quelques journées et c’est pour nous l’occasion de se rendre là où plantent leurs tentes les expéditions projetant de gravir le plus haut sommet de la planète. La route pour s’y rendre longe dans un premier temps le glacier puis le traverse à mi-chemin. À partir de ce point, impossible de voir le sommet de l’Everest, mais la vue sur les glaces et sur les séracs est imprenable. Pour admirer l’Everest mieux vaut grimper Kalapathar (5545 m), une modeste pointe rocheuse facilement atteignable depuis Gorak Shep. Le ciel constamment couvert durant notre séjour à cet endroit nuit à la visibilité de l’Everest et des montagnes voisines. Du haut de Kalapathar, nous ne pouvons voir que des portions des montagnes et le sommet de l’Everest demeure voilé. Heureusement, ce n’est pas là notre dernière occasion de le zieuter.

lundi 8 novembre 2010

Jiri - Lukla

27 septembre au 4 octobre 2010

Notre trek commence du mauvais pied. La nuit avant notre départ de Jiri, l’estomac d’Audrey fait à nouveau des siennes. Nous quittons tardivement pour aider Audrey à recharger sa pile. Le sentier tricote un affreux chemin qui, dit-on, est celui de l’autobus… impossible d’imaginer rouler sur cette voie de terre cahoteuse et rongée par l’érosion. Les multiples croisements des différents chemins rendent la recherche de la suite du sentier difficile. Cela nous oblige à demander notre direction à différents porteurs et villageois. Le bon côté de ce partage, c’est que nous y gagnons parfois un morceau de fruit ou de légume frais!

Sur cette section de notre parcours, les porteurs sont très nombreux. Ceux-ci peuvent transporter 80 kg dans leur panier de bambou tressé, chargé sur leur dos et maintenu à l’aide d’Une sangle leur traversant le front. Ces porteurs vont très vite, mais nous pouvons les rattraper lors de leurs arrêts fréquents. Pour se reposer, les porteurs retiennent en équilibre leur panier sur une canne de bois qu’ils transportent à cet effet. Les porteurs reçoivent une somme minime pour chaque kilo transporté. Une grosse partie de leur charge est destinée aux touristes qui abondent plus haut en altitude dans la région de l’Everest.

Pendant cette portion de notre trek, nous gravissons quotidiennement plusieurs centaines et parfois plus de mille mètres d’élévation jusqu’à la cime d’une crête avant d’en redescendre tout autant jusqu’au plancher de la vallée voisine. Nos quadriceps sont fortement sollicités par l’inclinaison sévère des montées et des descentes. On se croirait sur des échelles. En dépit de nos efforts physiques soutenus, nous pouvons compter sur une température chaude tandis que s’estompe la saison des pluies.

Nous croisons peu de touristes sur notre trajet. Parmi ceux que nous rencontrons, la majorité voyage indépendamment de guides et de porteurs, tout comme nous.
Témoignage d’une époque passée où la plupart des expéditions empruntaient la route de Jiri à Lukla, plusieurs hôtels ponctuent les villages où nous nous arrêtons pour dormir. Ceux-ci sont bien construits avec des murs de pierre épais et s’ouvre sur un intérieur en bois. Ceci leur donne un aspect chaleureux qui se reflète dans l’accueil que nous réservent nos hôtes. Le manque d’affluence des touristes, qui aujourd’hui préfèrent voler jusqu’à Lukla, nous facilite l’obtention de chambres à prix modique (50 sous), voire gratuites, à condition bien sûr que nous consommions tous nos repas sur place. Par ailleurs, le prix de la nourriture est très raisonnable (repas à partir d’un dollar). C’est aussi le royaume de la pomme, Audrey est ravie! Tartes aux pommes, brandy et cidre de pomme, pommes dans le porridge ou muesli, pommes partout!

Au gré de nos pas, découvrons ce bout de pays. Partout où notre regard plonge, les vallées sont découpées en terrasses pour les différentes cultures (pommes de terre, riz, choux, orge et millet). Les monastères juchés sur chaque promontoire attirent notre attention vers le sommet des montagnes. Sur notre chemin, nous gardons un œil ouvert sur les chortens (ou stupas) et les murs de mani (pierres gravées de prières) se dressant au centre des sentiers. Par respect pour les esprits de ces lieux, nous prenons grand soin de les contourner par la gauche, comme le veut la coutume.

De villages en villages, des marchants conduisent leurs caravanes d’ânes transportant les denrées de base, riz et kérozène, pour combler les besoins les plus essentiels des gens de la région. Le reste de la vie animale se résume aux chèvres, poules et quelques rares vaches.

Parmi tous les endroits où nous hébergeons notre préféré est Junbesi. Dans ce hameau bordent un tranquille cours d’eau, nous accordons à nos jambes fatiguées une journée de repos. Nous en profitons pour visiter l’école de l’endroit (une œuvre du Hillary Trust, fondé par le premier ascensionniste de l’Everest). L’avant-midi passé en compagnie du directeur et des professeurs nous permet de comprendre que les méthodes d’enseignement sont en processus de changement et se rapprochent de plus en plus de celles proposées par la réforme québécoise en éducation! Leur inspiration vient toutefois de la Nouvelle-Zélande.

En après-midi, nous prenons une courte marche jusqu’au monastère Tutten Choeling lequel abrite 500 moines et moinesses, pour la plupart des réfugiés tibétains. Nous assistons à une cérémonie de prières pendant laquelle notre odorat est assailli par l’odeur puissante du thé au beurre (le breuvage bien gras qui permet aux Tibétains d’affronter l’hiver).

Par la suite, nous rencontrons le président du Himalayan Yéti Club, une organisation locale qui mène une foule de projets à saveurs sociales, culturelles et environnementales. Notre discussion est fort intéressante et accompagnés de thé au beurre. Au registre des saveurs, impossible d’oublier les repas servis par Dawa, notre hôte au Namaste Lodge. Cuisinés avec des légumes de sa serre, ceux-ci excitent nos papilles gustatives tout comme notre gourmandise. Notre ouïe est elle aussi flatté par les extraits de guitare que nous joue Dawa. Sa compagnie rend nos soirées très agréables.

La première partie de notre trek se conclue par une journée interminable, une descente difficile suivie d’une montée éreintante jusqu’à Lukla. Au-dessus de nos têtes, les petits avions atterrissent et décollent de la piste courte et inclinée de Lukla. C’est quelque chose à voir! Bien que Lukla soit vide en soirée (les randonneurs s’étant avancés en direction de l’Everest dans les minutes suivant leur arrivée), nous savons que dès le lendemain les sentiers seront bondés. La haute saison du trekking est commencée.

Népal, nous voilà!

19 au 25 septembre 2010

Notre périple en Inde se termine sous un Rideau de pluie. De nouvelles aventures nous attendent au Népal. Nous tirons profit de l’aéroport pour faire le plein de gourmandises occidentales. Un énorme mokaccino, une barre de chocolat, une pizza de chez Domino’s. Nous volons sur les ailes de Kingfisher Airlines dont le nom nous intrigue beaucoup. À bord, une bière nous est rapidement servie. La compagnie aérienne Kingfisher est en vérité le brasseur de la Kingfisher (bière) que nous ingérons avec délice. Un repas complet nous est aussi offert sur un vol de 90 minutes, imaginez-vous.

À notre arrivée à l’aéroport, une surprise nous attend. Nous qui pensions payer 30 $ pour un visa de 2 mois, nous devons payer plutôt 100 $ pour 3 mois. Le manque de devises américaines, les guichets hors service nous empêchent d’obtenir 2 visas de 3 mois. Le tout se réglera en ville à l’immigration.

Nous arrivons en autobus scolaire à Sri Aurobindo Yoga Mandir, un ashram bien spécial fondé par Ramchandra Das, un bon ami de Nicolas le frère de PA. Cet ashram a ceci de particulier qu’il est gèré par des enfants et de jeunes adultes. Sur les lieux se trouve une école, une ferme laitière, des champs et des jardins, une pension pour les touristes. Pendant notre séjour de cinq jours, nous nous familiarisons avec les lieux, prenons part aux repas communautaires et aux activités spirituelles en soirée, telles la méditation et la puja dans un modeste temple du village, au cours de laquelle les enfants de l’ashram sont conviés à chanter et à jouer divers instruments traditionnels.

Aussi, pendant que PA se démène à conclure ses demandes de bourse avant échéance, Audrey s’implique dans le quotidien de l’ashram. Elle participe à la préparation des repas avec les femmes et David, un ami français, elle découvre les différentes facettes écologiques de l’endroit (panneaux solaires, cuisine au méthane, compost, laiterie bio, etc.) et elle prend le temps d’échanger avec les enfants. Sa prochaine mission, au retour du trek dans les montagnes, sera de leur enseigner un peu de français.

Par-dessus tout cela, Audrey part en bonne compagnie faire un tour dans la jungle avoisinante, laquelle est infestée de sansues. Audrey s’en sort plutôt bien dans ses bottes de randonnée tandis que ses compagnons en sandales se font vampiriser!
Les jours précédant le trek se déroulent en plein cœur de Katmandou dans le secteur de Thamel, où touristes, agences de voyage et magasins de plein air abondent. Nous réglons des achats de dernière minute, nous nous procurons les permis nécessaires pour accéder au Parc national de Sagarmatha (le nom népalais d’Everest) et nos billets de bus.


26 septembre 2010

Nous prenons le bus à 8h00 à la station de Ratna Park à Katmandou. Le trajet est de 8 heures et les routes sont cahoteuses. Il est difficile de jouer aux cartes.
À Jiri, nous couchons sous le toit de Dawa, un Sherpa anciennement guide, devenu hôtelier.

jeudi 7 octobre 2010

Rishikesk

10 septembre 2010 - Delhi

Apres le depart de la mere a PA, une mesaventure nous oblige a nous ajuster rapidement. Nous debarquons du taxi en provenance de l aeroport a la gare de New Delhi alors que notre train part de celle de Old Delhi a peine 45 minutes plus tard. Nous embarquons dans un Rickshaw pour nous y rendre en vitesse. Le comble est que nous ignorons nos numeros de wagon et de sieges! La chance nous sourit : Nos noms figurent sur le wagon qui s arrete pile devant nous. Nous passons la nuit dans le train. Rassurez de nous reveiller le lendemain a Ramnagar.


11 septembre 2010 - Ramnagar

Au petites heures du matin, nous sortons de la gare. Un paysage de campagne degageant une grande tranquilite se dessine devant nos yeux. Les sacs sur le dos, nous marchons vers le centre afin d y denicher un hotel. Sur notre chemin, nous avons l occasion de rencontrer une ribambelle d enfants souriants et bavards contents de se balader a nos cotes sans rien de plus.

Une fois bien loges et mieux informes sur les activites offertes dans la reserve Jim Corbett, nous decidons de faire un safari en jeep en fin de journee. En 4 heures, nous croisons l empreinte d un tigre, 2 especes de chevreuil (spotter et barking deer), quelques varietes d oiseaux (paons, coucou, etc.).

Nous aboutissons au sommet d une colline dans un village de 200 habitants a prendre un the avant le retour et l averse. Notre guide peu degourdi en anglais et peu bavard ne rend pas notre afari aussi instructif que nous l esperions. Cependant, nous nous estimons satisfaits d avoir pu traverser cette jungle luxuriante.

Trouver un restaurant a Ramnagar est un peu difficile, mais quand vient le temps de se sucrer le bec, c est tout autre chose: chaque commercant fait etalage de ses petites bouchees sucrees.


12 septembre 2010 - Ramnagar

La pluie torrentielle qui sevit durant la nuit se poursuit jusqu en milieu d apres-midi. Notre avant-midi se resume a un brin de lecture.

Apres notre diner tardif, nous allons changer d air en tentant notre chance pour faire un tour d elephant a Dikhli. C est ainsi que notre journee culmine sur le dos d un fier elephant de 35 ans. Avec sa trompe, il souleve notre guide sur sa tete. Audrey veut essayer. L a-t-elle fait ou non ?

En fin de soiree, dans le seul restaurant de Ramnagar digne de ce nom nous fesons la rencontre de deux espagnols qui nous enseignent un nouveau jeu de cartes, le continental. Celui-ci deviendra pour nous une obsession quotidienne.


13 septembre 2010

Nous passons les 7 heures du trajet de bus de Ramnagar a Rishikesh a jouer au continental. Audrey domine PA avec de nombreux blanchissages. A destinations, nous reperons un hotel ou se loger, un professeur d Hindi et un Ashram (ecole spirituelle) ou faire du yoga.


14 au 18 septembre - Rishikesh

Une fois bien installes, une routine s enclenche pour la semaine : lever vers 6h30, cours de yoga de 90 minutes, the en compagnie de notre nouvel ami Raju le sadou, dejeuner de brioches et d omelettes, cours de hindi en apres-midi, marche en foret et le tout entrecoupe de magasinage pour Audrey et d Internet pour PA.

Nous nous organisons aussi une journee de foire pour decouvrir et essayer des aliments nouveaux et des objets typiques de l endroit. Nous achetons differentes babioles et prenons des photos a chaque stand sur notre chemin. Nos activites nous permettent de faire la rencontre de Rajini, une jeune femme avec qui Audrey a pu pratiquer son Hindi pendant que PA echangeait avec un couple hors de l ordinaire. Lui, il est d un village du Michigan et elle, elle est native de la megapole de Mumbay. Ils sont fiances depuis peu. Ils sont en fait un couple facebook dont le premier message remonte a il y a un an.

Suivant les conseils de Nicolas, le frere de Pa, nous allons nous gater avec les repas sante de M. Mukti qui est aussi sympathique que son menu.

Notre semaine se termine a Rishikesh dans un train nocturne en direction de Delhi, le dernier pas avant de se rendre a l aeroport afin de s envoler vers le Nepal.

Nous sommes presentement a Namche Bazar. Le trek se passe bien. Etant donne la difficulte d avoir acces a Internet en montagne et les couts tres eleves de son usage, nous ne pourrons poursuivre notre blog tout de suite. Nous sommes a 10 jours de l atteinte du camp de base de l Everest. A notre retour a Katmandou, nous vous ferons part de la suite de nos aventures. On se reparle au debut du mois de Novembre. A bientot!!!